C’est toujours le même cauchemar : « J’ai 8 ou 10 ans. Je suis ligoté sur un fauteuil. Le dentiste s’avance avec une pince énorme. “Ne t’inquiète pas, tu n’auras pas le temps d’avoir mal”, ricane-t-il. Je hurle. Et je me réveille en sueur… » Jean-Paul s’efforce de sourire, mais la simple évocation de ce rêve suffit à gommer toute couleur sur son visage. L’ingénieur en informatique niçois hoche la tête : Je sais que c’est stupide, mais ce cauchemar m’a souvent conduit à oublier des rendez-vous…
J’ai eu des abcès à cause de ça ! »
Le cas de Jean-Paul n’est pas isolé. Selon une étude Ifop/Air Liquide Santé publiée en mai dernier, 54 % des Français avouent avoir peur du dentiste. Quelque 67 % appréhendent la douleur, 29 % redoutent la piqûre anesthésiante, 29 % craignent… les bruits associés aux instruments. Plus de la moitié des sondés (52 %) attendent qu’un problème s’aggrave pour prendre rendez-vous. Un sur cinq (21 %) refuse même catégoriquement de franchir le seuil du cabinet !
Ces résultats ne surprennent pas Olivier Castera, chirurgien-dentiste à Toulon.
Ce sondage me paraît en deçà de la réalité, estime-t-il. Qu’ils le reconnaissent ou non, la majorité des patients manifestent une réelle appréhension ! Les origines de cette angoisse ? Selon Valérie Demichel, psychologue à Nice, elles sont liées à l’aspect symbolique de la bouche : C’est un accès direct à l’intérieur de notre corps, à notre intimité. Bouche ouverte, on se sent vulnérable. Le souvenir de pratiques anciennes joue également.
Il y a des lustres qu’on ne fait plus sauter les molaires en les attachant à une poignée de porte ! Mais dans l’imaginaire collectif, le cabinet dentaire reste un lieu de souffrance, explique-t-elle.
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